ALFRED JARRY ARCHIPELAGO : LA VALSE DES PANTINS – ACTE I

[English Below]Julien Bismuth, Pauline Boudry & Renate Lorenz, Pauline Curnier Jardin, Jos De Gruyter & Harald Thys, Goldin + Senneby, William Kentridge, Shelly Nadashi, Dan Perjovschi, Roee Rosen, Benjamin Seror, Yoan Sorin, Ante Timmermans, Emmanuel Van der Meulen, Kara Walker Commissaires : Keren Detton et Julie PellegrinPROJETAlfred Jarry Archipelago est un vaste projet initié par Le Quartier-centre d’art contemporain de Quimper, le Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson à Noisiel et le Museo Marino Marini à Florence dans le cadre de Piano – plateforme franco-italienne d’échanges artistiques – en collaboration avec le Museum M et Playground à Louvain (Belgique).De Jarry on ne retient que le scandale d’Ubu Roi qui masque une œuvre complexe placée sous le signe de l’expérimentation radicale et le mélange des (mauvais) genres. En réunissant un ensemble exceptionnel d’artistes internationaux et inclassables, Alfred Jarry Archipelago démontre que tout un pan de l’art et de la performance actuels est traversé par cette puissance de transgression «  jarryesque  ».« Parce que ce garçon-là, qui chaussait du 36 et qui volait les souliers en cuir jaune canard de son amie Rachilde pour assister, bouleversé, à l’enterrement de son ami Mallarmé  ; qui lors de sa naissance à 15 ans est déjà l’enfant qu’il sera à sa mort à 34 ans  ; qui sait tout de suite que «  Vivre = cesser d’Exister  » et qui passa sa vie en aller et retour entre les contrées de la «  merdre  » et de l’absolu avec des pointes à plus de 300 km/heure et des splendeurs à vous plaquer au sol  ; parce que Alfred Jarry, qui joua son existence entière sur la littérature et qui jouait du revolver sous prétexte que «  c’est beau comme littérature  », échappe complètement à la littérature.  » Annie Le BrunPoète, dramaturge et dessinateur, Alfred Jarry (1873-1907) a pulvérisé les frontières de l’ordre social, moral et esthétique du XIXe siècle finissant. Retentissant comme un coup de tonnerre, le célèbre «  Merdre  !  » de son Ubu Roi ouvre la voie aux développements de la modernité à venir – de Marcel Duchamp à Harald Szeemann en passant par les futuristes, les surréalistes, les conceptuels, tous sont redevables de celui qui sera qualifié de « proto-dadaïste ». D’un tournant de siècle à l’autre, l’œuvre et les idées de Jarry semblent irriguer de nouveau la société et l’art contemporains. L’abolition des limites (des disciplines, de l’identité, du bon sens et du bon goût) explorés autant dans sa vie que dans ses écrits l’ont conduit à une approche inédite de la théâtralité, du corps et du langage – et des rapports de domination, qu’ils soient liés au désir, au savoir ou au pouvoir. Identifiant un certain nombre de motifs « jarryesques », Alfred Jarry Archipelago se présente comme une quête spéculative de leurs résurgences dans les arts visuels, à la lisière du politique, du théâtre, de la danse et de la littérature.Dans son célèbre manifeste pataphysique, Gestes et Opinions du Docteur Faustroll, pataphysicien, Alfred Jarry décrit un voyage initiatique d’île en île dans lequel une géographie artistique se substitue à la géographie réelle. Chaque chapitre du livre III correspond à une halte dans une île fictive dédiée à un écrivain ou un peintre de son temps. S’il naviguait dans le monde actuel, quel paysage composerait l’auteur et critique du siècle dernier  ?Convoquant de la sorte la figure de Jarry comme commissaire posthume, Alfred Jarry Archipelago se compose d’un chapelet d’îlots matérialisant l’univers de divers artistes pour esquisser une vision résolument subjective de son héritage. Le projet se déploie sur plusieurs mois dans plusieurs lieux et différents formats – expositions collectives, expositions monographiques, projections, performances, rencontres – et se conclura par une importante publication.Première occurrence à Quimper, l’exposition collective La valse des pantins – Acte I du 5 juin au 30 août 2015 est le fruit d’un commissariat commun de Keren Detton, directrice du Quartier et de Julie Pellegrin, directrice du Centre d’art de la Ferme du Buisson où sera présenté l’Acte II. Le parcours de l’exposition, composé de films, d’installations, de dessins et de peintures, déploie différentes temporalités qui se chevauchent grâce à un travail de lumière et de séquançage, tout en privilégiant l’appréhension d’ensembles monographiques. En écho à l’appropriation par William Kentridge du personnage d’Ubu pour évoquer les abus de pouvoir du contexte post-apartheid sud-africain à travers une procession de marionnettes, Yoan Sorin et Kara Walker abordent le rapport aux corps dans les problématiques coloniales chères à Jarry. Roee Rosen passe par un alter ego pour railler la tyrannie politique dans une fable domestique à la fois caustique et onirique. Dan Perjovschi conçoit un nouveau dessin mural dont les figures et commentaires de l’actualité sociale, politique et culturelle apparaissent comme une version contemporaine de l’almanach du Père Ubu. Pauline Boudry et Renate Lorenz mettent en scène une figure de dandy queer dont la critique du capitalisme flirte avec le devenir animal. Plus loin, les abus du système financier sont parodiés par Goldin+Senneby dans une performance et un théâtre miniature. Une autre série de maquettes sert de support à Benjamin Seror pour l’écriture d’un roman autour de la capacité du langage à produire des situations inédites. Les œuvres de Jos de Gruyter et Harald Thys, Shelly Nadashi et Ante Timmermans se nourrissent d’un humour noir à la croisée du théâtre, du langage et du dessin pour mettre en question la relation à l’autre, à l’argent et au travail. À côté, la peinture d’Emmanuel Van der Meulen se fait à la fois décor et signe héraldique, et les faits de guerre cirque fantasmagorique chez Pauline Curnier Jardin. Jalonnant le parcours, une série de photographies de Julien Bismuth renouvelle la compréhension de l’œuvre de Jarry par le télescopage de citations. L’esprit du père de la pataphysique plane sur l’ensemble de ces artistes qui offrent une vision critique de la modernité à travers l’intempestivité de leurs sujets et des procédures narratives diffractées, marquées par un humour ravageur.LIEUX / CALENDRIERCentre d’art contemporain de la Ferme du Buisson / Marne-la-Vallée www.lafermedubuisson.com Alfred Jarry Archipelago : La valse des pantins – Acte II / 18 octobre 2015 – 14 février 2016 Performance day / 14 février 2016 ———– Museo Marino Marini / Florence, Italie www.museomarinomarini.it 8, 9, 10 octobre 2015 —————– Museum M Leuven / Louvain, Belgique www.mleuven.be/fr Guy De Cointet / 17 septembre 2015-10 janvier 2016 Jimmy Robert / 19 novembre 2015-31 janvier 2016Playground au Museum M et STUK centre d’art, Louvain www.playgroundfestival.be 19-22 novembre 2015 ———————–5 June – 30 August 2015Alfred Jarry Archipelago : The Waltz of the Puppets – Act IJulien Bismuth, Pauline Boudry & Renate Lorenz, Pauline Curnier Jardin, Jos De Gruyter & Harald Thys, Goldin + Senneby, William Kentridge, Shelly Nadashi, Dan Perjovschi, Roee Rosen, Benjamin Seror, Yoan Sorin, Ante Timmermans, Emmanuel van der Meulen, Kara Walker Curators : Keren Detton and Julie PellegrinPROJECT« Alfred Jarry Archipelago » is an enormous project initiated by Le Quartier, Centre for Contemporary Art in Quimper (France), La Ferme du Buisson Centre for Contemporary Art in Noisiel (France), and the Museo Marino Marini in Florence (Italy). The venture is part of Piano, the Franco-Italian art exchange platform, in collaboration with M Museum and Playground in Louvain (Belgium).All most people remember of Jarry is the « King Ubu » furore, which overshadows a complex body of work marked by radical experimentation and an unmannerly blending of genres. In bringing together a remarkable group of one-of-a-kind international artists, Alfred Jarry Archipelago demonstrates that an entire register of current art and performance is shot through with potent, « Jarryesque » transgression.« Because this boy – who wore size 36 shoes and who, brokenhearted, went to his friend Mallarmé’s funeral wearing a lemon yellow pair stolen from his lady friend Rachilde ; who, when he was born at the age of 15, was already the child he would be when he died at 34 ; who knew at once that « To live = To cease to exist » ; who spent his life yo-yoing at up to 300 km/h between the lands of « shitr » and the absolute ; who left behind wonders that would knock you flat ; who staked his entire existence on literature and played with a revolver, claiming that it was « as beautiful as literature » – completely escapes the clutches of literature. » Annie Le BrunIn his poetry, plays and drawings Alfred Jarry (1873-1907) shattered the boundaries of the social, moral and aesthetic order of the late 19th century. Like a thunderclap, his King Ubu’s famed « Shitr ! » paved the way for for the modernity that was waiting in the wings : from Marcel Duchamp to Harald Szeemann, and including the Futurists, the Surrealists, the Conceptuals and all the many others indebted to this « proto-Dadaist  ».Between the turn of one century and that of its successor Jarry’s work and ideas seem to have breathed new life into society and art. The abolition of limits – to disciplines, identity, good sense, good taste – that he explored in his life and his work, led him to a totally new approach to drama, the body and language ; as well as issues of domination, whether related to desire, knowledge or power. Homing in a selection of Jarryesque motifs, Alfred Jarry Archipelago sets out to pinpoint their reappearance in the visual arts, on the cusp of theatre, dance and literature.In his celebrated ‘pataphysical manifesto « Exploits and Opinions of Dr Faustroll, Pataphysician » Jarry describes an initiatory island-hopping voyage that abolishes factual geography in favour of its artistic equivalent. Each chapter of Book 3 recounts a landfall on an imaginary island dedicated to a writer or artist of the time. If he were sailing through today’s world, what kind of landscape of the last century would Jarry orchestrate ?In the same spirit Alfred Jarry Archipelago invites him along as a posthumous curator : for a string of islands embodying the works of various artists and sketching an uncompromisingly subjective view of his heritage. Unfolding over several months, in different places and in different shapes and forms – group and solo exhibitions, screenings, performances, encounters – the project will be rounded off with a major catalogue.The first event in Quimper, the group show « The Waltz of the Puppets – Act 1 » (5 June – 30 August), is a joint curatorship venture by Keren Detton, director of Le Quartier, and Julie Pellegrin, director of the Ferme du Buisson art centre, the venue for Act 2. The exhibition includes films, installations, drawings and paintings, arranged in a series of time frames which are made to overlap by the lighting and sequencing, while at the same time highlighting groups of works by individual artists. Echoing William Kentridge’s appropriation of the Ubu character to point up abuses of power in post-apartheid South Africa, Yoan Sorin and Kara Walker use a procession of puppets to address inter-body relationships in the context of the colonial issues so important to Jarry. Roee Rosen’s alter ego derides political tyranny in a domestic fable that blends the caustic and the dreamlike. Dan Perjovschi comes up with a new wall drawing whose handling of current social, political and cultural issues smacks of a contemporary version of Ubu’s almanac. Pauline Boudry and Renate Lorenz offer a queer dandy whose critique of capitalism flirts with the future status of animals. Further along, abuses of the financial system are parodied by Goldin+Senneby in a performance and a mini-theatre. Benjamin Seror uses his own series of models to write a novel about the capacity of language to generate unprecedented situations. Meanwhile works by Jos de Gruyter & Harald Thys, Shelly Nadashi and Ante Timmermans are driven by black humour that uses a mix of theatre, language and drawing to challenge our relationships with the Other, money and work. Emmanuel Van der Meulen’s paintings are simultaneously decorative and heraldic, while deeds of war morph into hallucinatory circuses in the work of Pauline Curnier Jardin. Here and there along the way a series of photographs by Julien Bismuth telescopes quotations in a way that provides a new understanding of the Jarry oeuvre. The spirit of the father of ‘pataphysics hovers over these artists, as they offer a critical vision of modernity via the untimeliness of their subject matter and diffracted narrative procedures shot through with devastating humour.